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Je ne veux pas un corps parfait.
Je ne désire pas une forme sans failles, lisse et affichable dans les magazines. Je veux juste être qui je suis, vraiment.

L’erreur est grande et source de nombreux dommages.

Si je maintiens l’illusion qui dit que mon point d’arrivée est une courbe de hanche, une ligne de taille, une couleur de lèvres, une texture de peau, j’alimente la foule intérieure qui fourmille et crie au désespoir face au miroir. Ce reflet n’apporte jamais la bonne nouvelle tant attendue. Tous les matins je suis nouvelle et pourtant tous les matins je retrouve une image (jugée là dans ce brouhaha de voix) trop ceci, pas assez cela.
Oh mauvais départ ! Où puis-je aller à partir de ce constat ? Si je suis trop ceci et pas assez cela, que vais-je créer, qui vais-je rencontrer, que vais-je expérimenter ?
J’ai gravité autour de ces questions mille et une fois, j’ai cherché des chemins pour construire la forme idéale, j’ai cru souvent l’avoir trouvée mais j’ai toujours échoué. Peu importe les avancées, les changements de peau, l’insatisfaction attendait toujours au bout de l’espoir évanoui.
C’est dans cette absence entière d’espoir que j’ai commencé à sentir. C’est dans un éclat de rire, la douceur d’un moment sans déguisement, la tendresse d’un regard aimant que j’ai reconnu le piège, le sentier sans issue que formait ce désir illusoire.
Quand tout s’efface, quand même le corps se dilate, quand la conscience elle-même n’a plus de place il reste l’Essentiel. Il s’agit de lui et de lui seul. Il n’a jamais été question de qui que ce soit d’autre que lui.
L’erreur est immense. Lutter pour un objet pendant des années, que ce soit une forme corporelle ou une relation, un statut, certificat, pouvoir, état… et arriver ici, face à l’oubli gigantesque de ce qui se tenait juste là devant, derrière et dedans est déroutant. Sortir de l’anesthésie spirituelle et ouvrir le coeur pour enfin sentir, voir, goûter, écouter l’Essentiel qui caresse, dessine, nourrit, chante est enivrant.
L’erreur crée la peur. J’ai peur quand je crois que je peux être trop ceci ou pas assez cela. J’ai peur quand je crois que quelqu’un ou quelque chose ne m’aime pas, peut-être qu’il ou ça me tuera, m’anéantira, me torturera ? J’ai peur quand je crois au chant de l’esprit humain conditionné, limité, croyant, criblé de dogmes, d’idées, d’opinions, de certitudes. S’il existe une seule ligne droite, juste et bonne alors j’ai tout raté. Mais la vie ne danse pas droit, elle tourne, détourne, retourne, contourne. La vie ne se limite pas, elle emplit tout, tout, toi, moi, ça.
Et pourtant l’erreur et la peur se désintègrent intégralement à l’instant ou elles sont vues, reconnues, démasquées. Le miroir qui répand le désespoir sur la foule pensante de mon esprit tombe, se brise puis s’évapore, disparaît en un battement de cils.
Oh corps d’humaine, esprit de femme, histoire d’être de chair, prends donc une grande inspiration devant ce miroir et regarde, regarde ça, cette forme et ce que tu sens dedans, vois, sens comme c’est aimé pleinement, maintenant, exactement tel que c’est ici, dans l’instant. Oh viens, viens me retrouver pour un câlin atomique au coeur de cette reconnexion, laisse toi emplir de cet appel de l’Essentiel et reconnais sans plus attendre qui tu es.